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« Le harcèlement scolaire englobe tout un ensemble de brimades et d’attaques infligées par un ou plusieurs individus sur un autre enfant souvent seul: moqueries, insultes, humiliations, rumeurs, chantages, contraintes, menaces, rejets, isolement, coups.
Le harcèlement scolaire est un problème de société grave qu’il ne faut en aucun cas banaliser.
Il est le plus souvent insidieux. A la différence de la violence physique où l’enfant est marqué de coups, la violence psychologique ne laisse pas de traces visibles.

Il comporte 3 caractéristiques :

1) La violence est intentionnelle couplée d’un rapport de domination

2) La violence se répète (parfois pendant des années !)

3) La violence entraîne l’isolement

On parle de harcèlement moral ou psychologique, de harcèlement physique et de harcèlement sexuel. Le harcèlement moral est le plus fréquent à l’école. « 

Réf: conférence sur le harcèlement scolaire:  » Le harcèlement scolaire, se taire c’est laisser faire ! « 
Anne Jeger – psychologue clinicienne  (lien en bas de l’article)

Le harcèlement scolaire touche plus de 10% d’enfants en Suisse. 11% des élèves de 15 ans déclaraient avoir subi des moqueries en 2015 contre 15% en 2019 (cf. enquête PISA publiée en 2019).

Les statistiques actuelles nous montrent que le harcèlement scolaire est toujours en hausse au sein des écoles malgré la campagne de prévention qui a été mise en place ces dernières années. Le pourcentage de cas de harcèlement augmente chaque année.

https://www.blick.ch/fr/pop-culture/societe/fini-les-vacances-les-harcelement-scolaire-affecte-les-victimes-mais-aussi-les-agresseurs-id17810443.html

https://www.letemps.ch/suisse/harcelement-lecole-bonnet-dane-suisse

https://www.rts.ch/info/suisse/12651440-harcelement-et-cyberharcelement-en-forte-progression-dans-toute-la-societe.html

https://www.swissinfo.ch/fre/economie/l-%C3%A9cole-d%C3%A9clare-la-guerre-au-harc%C3%A8lement/46651438

https://www.rts.ch/info/suisse/12651440-harcelement-et-cyberharcelement-en-forte-progression-dans-toute-la-societe.html

https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20204638 

 

Les causes principales :

  • La violence présente dans l’éducation et vécue durant l’enfance (traumatismes infantiles)
  • Le contexte sociétal actuel
  • les réseaux sociaux (l’apparition des réseaux sociaux a augmenté les cas de harcèlement. Le harcèlement commence à l’école et se poursuit sur les réseaux sociaux. On parle de cyberharcèlement)
  • La passivité des enseignants et directeurs d’écoles
  • Le silence gardé longtemps par les victimes et les témoins du harcèlement (peur des représailles)

 

Le harceleur :

Le fait qu’un enfant ou un adolescent harcèle un ou plusieurs de ses paires relève que cet enfant ou cet adolescent est en souffrance. Personne n’a jamais agressé personne parce ce qu’il va bien et qu’il est heureux.

Les enfants et les adolescents qui vont bien intérieurement et qui se sentent heureux sont bienveillants envers les autres.

Le harceleur agit donc pour combler un mal-être, une souffrance intérieure. La position de pouvoir et le sentiment de domination que lui procure le harcèlement vient combler son vide affectif et existentiel. Il agit donc pour lui-même. Pour certains le harcèlement est même le seul moyen de se sentir exister.

Ce mal- être intérieur ne peut que provenir de souffrances que le harceleur a vécues dans son enfance.

« Les enfants qui harcèlent les autres sont en souffrance également, indubitablement. Il ne s’agit pas de diaboliser le harceleur mais de comprendre que cet enfant a souvent été harcelé dans de plus petites classes ou parfois à la maison. A noter que certains d’entre eux font des tentatives de suicide à l’âge adulte. Se rendant compte que, via les actes qu’ils posent ils arrivent à faire peur ou croient qu’ils se font respecter ainsi, ils développent un sentiment de toute-puissance qui, si elle n’est pas stoppée nette par l’adulte, va perdurer et devenir de plus en plus importante et destructrice (peut augurer des comportements délinquants ultérieurs). Il est nécessaire qu’ils soient aidés pour prévenir des actes plus violents voire pervers. Car la plupart d’entre eux n’ont pas intégré la loi, ont peu de sensibilité et d’empathie et ont un plaisir sadique à faire mal à moyen terme. Dans le pire des cas, le plaisir de détruire. »

Réf: conférence sur le harcèlement scolaire:  » Le harcèlement scolaire, se taire c’est laisser faire ! « 
Anne Jeger – psychologue clinicienne  (lien en bas de l’article)

Chaque cas de harcèlement révélé devrait obligatoirement engendrer un suivi thérapeutique pour le harceleur. Son comportement déviant provient de traumatismes qu’il a subis et qui doivent impérativement être traités. Il doit être stoppé net par l’adulte lorsque le harcèlement est révélé. Son avenir en dépend. 

Les parents ou responsables légaux du harceleur se doivent d’agir également. Notre rôle de parents est d’élever des enfants afin qu’ils soient des adultes responsables et bienveillants. Nous devons réagir avec fermeté si nos enfants deviennent des bourreaux avec les autres. Nous avons la responsabilité de leur éducation.

Réagir avec fermeté ne veut pas dire agir avec violence. La violence envers les enfants et les adolescents ne peut qu’être destructrice. Elle détruit intérieurement. Elle est d’ailleurs la cause des blessures du harceleur.

On ne règle pas la violence par la violence. On la règle par la fermeté et les décisions à prendre et à mettre en place pour aider son enfant qui est en souffrance.

Le harcèlement scolaire est un phénomène de violence perverse. L’image qui en résulte est inversée. La victime, quand elle ose parler, est souvent vue comme faible et fragile. On lui conseillera d’aller voir la psychologue, de suivre une thérapie ou de faire ses cours à la maison si elle a développé une phobie scolaire.

Concernant les harceleurs, mon expérience me montre que les sanctions et les mesures à prendre envers leurs comportements malveillants et destructeurs sont légères voir peu existantes face à la profonde destruction psychologique qu’ils infligent à leurs victimes.

Les victimes sont en effet très fortement impactées dans leur vie jusqu’au point où certaines en viennent au suicide. 

Le harcèlement est un fléau qu’il est possible d’éradiquer si tous les moyens d’action nécessaires sont mis en place. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui à mes yeux.

 

La passivité des enseignants et directeurs d’écoles:

 Dernièrement, il m’a été rapporté par deux mamans que leurs filles respectives ont vécu un harcèlement scolaire intense dans la même école.

Les deux adolescentes ont fini par développer une phobie scolaire et ne pouvaient plus retourner à l’école.

La première a arrêté sa scolarité une année. Elle a dû refaire son année scolaire à la rentrée suivante. Sa présence à l’école reste encore fragile, elle a à nouveau craqué durant un mois lorsqu’elle a dû reprendre l’école à la rentrée scolaire suivante.

La seconde fait désormais des cours à domicile et ne va plus à l’école. Les harceleurs sont toujours scolarisés dans le même établissement.

Les enseignants et les directeurs d’écoles sont responsables de la sécurité des élèves lorsqu’ils sont à l’école. J’entends pourtant régulièrement des parents démunis devant la passivité des enseignants et directeurs d’école face au harcèlement subis par leur enfant dans leurs établissements.

 

« > Les signes à repérer : Les enfants victimes de harcèlement scolaire ne vont pas naturellement en parler à leur parents souvent par peur des représailles, à cause de sentiments de honte et de culpabilité.
Il est donc extrêmement difficile de repérer un enfant victime de harcèlement car il ne parle pas, il ne montre pas de bleus, de coups. Par contre on peut repérer de la violence matérielle : sac d’école abîmé, cahiers chiffonnés, trousse percée, etc.
Copyright © 2019 – Anne Jeger – psychologue clinicienne – Harcèlement scolaire 2019

Les enseignants comme les parents doivent être attentifs aux changements de comportement et changements émotionnel de leurs élèves/enfant:

Emotions
> tristesse apparente et chronique
> irritabilité
> anxiété de séparation
> sentiment de culpabilité

Comportements
> repli sur soi
> agressivité voire violence envers les autres
> baisse de l’estime de soi
> envie de se faire du mal, tentatives de suicide
Troubles psychosomatiques tels que maux de ventre, maux de tête, difficulté à respirer, eczéma, nausées, vomissements…
Troubles d’anxiété scolaire : chutes des résultats, absentéisme, refus de l’école (phobie scolaire)
L’enfant victime de violence répétée peut présenter un trouble de stress posttraumatique.
Il faut s’inquiéter devant tout comportement nouveau et exacerbé.

> Que faire ?


En tant qu’enseignant

– Repérer les enfants qui sont en retrait, assis devant en classe, seuls à la récréation ou qui ne sont pas dans la cour (ils se cachent parfois dans les toilettes), et ceux qui ne sont pas dans les groupes
– Ecouter si la victime vient à parler sans la JUGER, sans BANALISER et l’orienter vers un médiateur, voire le doyen ou le directeur de l’établissement

En tant que parents

Si vous avez repéré de nouveaux signes préoccupants, que votre enfant semble vous éviter, il est important de poser des questions, lui montrer que vous vous inquiétez pour lui. Au préalable, les questions ne doivent pas être directes car il risque de se museler : J’ai entendu parler d’un enfant qui se fait embêter à la récré, tu vois qui c’est ? On vous parle de tout cela à l’école ? Je suis là en tout cas si tu veux en parler…
S’il sent que vous êtes disponible et à son écoute, il va s’ouvrir. Il a besoin de vous.

Une fois qu’il se met à parler, il est important de ne pas le juger, ne pas le dévaloriser, ne pas banaliser mais lui permettre d’exprimer ses émotions et ensuite de le rassurer. Il a besoin d’être protégé. Puis vous recueillez précisément son témoignage : les faits, le type de brimades, les moments où elles ont lieu (dates et heures), les endroits où elles ont lieu, les témoins présents, etc.

Enfin, vous lui expliquez que le harceleur doit être arrêté dans ses agissements sinon il va continuer à brimer d’autres enfants ; qu’il doit sans doute être inquiet à l’idée d’être sanctionné par ses parents, la direction de l’école voire la justice si vous décidez de porter plainte. Votre enfant sentira ainsi que vous vous sentez concernés par ce qui lui arrive et qu’il peut compter sur vous.

Comment agir ?

Quand l’enfant victime parle, il est déjà harcelé souvent depuis bien longtemps. Il présente des symptômes. Il a besoin de protection. Il faut prendre rendez-vous avec le pédiatre, demander un certificat médical qui relève les symptômes présentés par l’enfant victime de harcèlement. Un soutien psychologique est vivement recommandé.
Avertir l’enseignante qui peut dans un premier temps en parler avec l’enfant victime, puis avec l’enfant qui harcèle. En général, elle demande l’intervention d’un médiateur.
Demander une médiation : l’intervention d’un médiateur formé est souvent indispensable. Son rôle est d’écouter les parties harceleur/harcelé/témoin, de faire prendre conscience au harceleur de la portée et des conséquences de ses actes sur la victime; de l’aider à conscientiser ce qu’il ne mesure pas toujours: le mal qu’il fait.
Contacter le doyen de l’école et/ou le directeur de l’établissement qui va : – Recueillir le témoignage de la victime et valoriser son courage – Mener des entretiens : avec les témoins, avec l’auteur présumé, avec les parents de la victime, des auteurs et des témoins – Décider des mesures de protections pour la victime et de sanction ou mesures de réparation pour le harceleur.

ATTENTION, il arrive fréquemment que les propos de la victime ou de ses parents soient minimisés, banalisés au sein des établissements scolaires. Je reçois 2-3 appels par semaine de parents démunis qui ne se sentent pas entendus. L’enfant est renvoyé à sa propre responsabilité de victime « Il faut te défendre…allez, ce n’est pas très grave….Je ne sais pas qui a commencé… ». C’est une double peine pour lui.
L’enfant victime est celui qui souffre et les signes, une fois repérés, sont indéniables !
Si toutes les démarches en amont n’ont pas abouti, vous pouvez envoyer à la Direction Générale de l’Enseignement Obligatoire (DGEO) un dossier constitué du témoignage de votre enfant, des certificats attestant de son mal-être et de sa détresse (pédiatre, psychologue, etc.), et les captures d’écran des messages reçus sur son téléphone.
Enfin, si rien ne bouge et si votre enfant est en danger, il faut porte plainte d’une part, et d’autre part le changer d’école, ce qui s’avère être l’ultime décision à prendre pour le protéger.
Les injures (article 177 du code pénal), les menaces (article 180), la calomnie et la diffamation (article 173) sont interdites par la loi. Une personne qui harcèle peut avoir à faire à la police et se retrouver devant un juge.
Si le harcèlement n’est pas stoppé, il peut avoir des conséquences graves : dépression, suicide, délinquance…
Appelez le 147 ou le 117 (police) en cas d’urgence. »

Copyright © 2019 – Anne Jeger – psychologue clinicienne – Harcèlement scolaire 2019

Je vous conseille vivement de lire l’intégralité de l’excellent dossier de Anne Jeger que j’ai mis en lien ci-dessous.

 

 Conférence sur le harcèlement scolaire: Anne Jeger – psychologue clinicienne – Harcèlement scolaire 2019

lien ci-dessous

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